Bourreaux ou victimes, soutiens ou témoins oculaires, difficile pour un jeune de ne pas avoir été confronté, au moins une fois pendant sa scolarité, à l’harcèlement. Brimades, moqueries, sarcasmes d’adolescents peuvent facilement déraper vers une forme de harcèlement que, dans les établissements scolaires, demeure un fléau à combattre car il provoque chaque année des drames et il est une des causes importantes du décrochage scolaire.
Même si ce n’est pas toujours facile d’en parler lorsque on est ado, la journée nationale de lutte contre le harcèlement scolaire veut briser les tabous et informer les élèves afin de prévenir le pire. Marcel Rufo, célèbre pédopsychiatre qu'on avait rencontré lors d'une conférence à la Citè scolaire de Montesoro répond à nos questions sur ce « phénomène en augmentation et aux dégâts parfois irréversibles ».
- Vous avez dit que harceler c'est soumettre l'autre, sans répit, à de petites attaques. Comment se déclenche l’harcèlement?
- En général le harcèlement se déclenche sur une particularité physique : les cheveux roux mais aussi le surpoids, la cause majeure du harcèlement, la pauvreté, le handicap, la diversité en général. Ce que je dis toujours, c'est que le harceleur peut être lui-même harcelé à domicile.
- L’harcèlement est un phénomène en augmentation ?
- Cela a toujours existé... Ce qui augmente aussi de manière incroyable, c'est le cyber-harcèlement. Je te filme quand tu tombes et je mets la vidéo en ligne immédiatement, qui ensuite se propage et est très difficile à éliminer. C'est dramatique et redoutable et peut avoir des conséquences dramatiques.
- Qu'est-ce qui pousse un enfant à harceler et à maltraiter un autre ?
- C'est intéressant parce que souvent le harceleur est fragilisé ou vit dans des conditions difficiles. En attaquant plus fragile que lui, il croit être fort. Il ne faut pas négliger l'accompagnement et l'aide au harceleur, pour éviter qu'il ne devienne à son tour le bouc émissaire, harcelé par l'institution.
- Comment on reconnait un enfant harcelé à l'école ?
- Par bien qu'il en ait honte, l’enfant finit par se plaindre des moqueries et changer son comportement au quotidien. Ce sont les parents qui repèrent le plus souvent ces problèmes. car l'enfant finit par se plaindre des moqueries.
- Comment un parent peut aider son enfant et mettre fin à la situation ? Et comment l’école peut jouer son rôle ?
- Il faut toujours en parler. Il faudrait une mobilisation du monde des adolescents eux-mêmes vis-à-vis de cette lâcheté qu'on a tous connu un jour. Quelqu'un est embêté et on n'intervient pas de peur de représailles.
Aux parents je conseille d’aller voir le proviseur du collège ou du lycée, En revanche, il ne faut pas aller voir directement les harceleurs, il faut que ce soit institutionnel.
Il faut donc savoir reconnaître le harcèlement, engager des formations auprès des personnels, s'assurer d'une mobilisation collective, favoriser la prévention et la sanction.
Le devoir de la communauté scolaire est d'aider et soutenir le plus faible pour qu'il soit accepté.